Taghonja des berbères, rituel de pluie

La fiancée de la pluie à Tabelbala, Saouara, Algérie, Paris, musée de l'Homme.

ANZAR

C’est le nom masculin de la pluie, mais celle-ci est personnalisée. Anzar apparaît comme l’élément bienfaisant qui renforce la végétation, donne les récoltes et assure le croît du troupeau. La pluie, elle-même assimilée à la semence, entre donc dans les pratiques de magie sympathique. Pour obtenir la pluie longue à venir, il faut solliciter Anzar et tout faire pour provoquer son action fécondante. Tout naturellement et sans doute depuis un temps très ancien, les Berbères ont pensé que la plus efficace des sollicitations était d’offrir à Anzar une « fiancée » qui, en provoquant le désir sexuel, créerait les conditions favorables à l’écoulement de l’eau fécondante.

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Taghonja chez les chleuhs c'est une cuillère en bois
(mghourfa) et justement les soussis en janvier pour
feter Yannayer font un plat de mais (sorte de couscous)
sans legumes mais au beurre que les gens mangent avec
cette taghonja. Ici l'on parle d'autre chose bien sure mais
la relation avec yennayer et la pluie n'est pas excluse.

Anzar, dieu de la pluie, entouré des Saisons

texte et illustration de Atanane

Anzar, Dieu amazigh ( berbère) du ciel et de la pluie, serait tombé un jour éperduement amoureux d' une belle paysanne. Se transformant en aigle il venait la contempler, lorsqu' elle se baignait dans une rivière; un jour il lui adressa la parole et lui demanda de l' aimer, de l' épouser. Mais la jeune fille effarouchée refusa sa demande et s'enfuit.

Anzar retint alors toutes ses pluies et la sécheresse menaça le pays. Les paysans organisèrent des processions et réclamèrent la miséricorde d' Anzar; la jeune paysanne consentit de le suivre et vivre auprès de lui. Depuis, à chaque fois qu' il pleut, la légende veut qu' elle apparaisse dans le ciel, sous la forme d' arc en ciel, appelé ' Tislit u Anzar", c' est à dire la Fiancée d' Anzar...

Cette tradition du culte d' Anzar perdure encore de nos jours, en début d' automne lors de la période des labours, dans les villages d' Afrique du Nord, du Maroc jusqu' en Lybie, en l' honneur du dieu de la pluie et de sa fiancée: les villageois organisent des processions, portent une grande poupée symbolisant la Fiancée, et une louche ( " taghnunja" ) symbolisant le récipient de l' eau bienfaitrice. Ces fêtes se terminent par des repas préparés et pris en commun.

Hélas! cette belle cérémonie de nos villages tend à disparaître face à l' hégémonie de l' islamisme intégriste, inconnu en Afrique du Nord jusqu' aux années 1980, et qui considère tous les rites agraires comme des hérésies abominables.

Mais ce sont l' âme, les traditions et la culture de tout un peuple millénaire qui sont vouées à disparaître à cause du fascisme religieux, cause de vraie sécheresse culturelle et spirituelle.

http://atanane.20six.fr/atanane/art