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 L'égalité, un défi pour la femme marocaine

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tamzilte
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Date d'inscription : 04/01/2008

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MessageSujet: L'égalité, un défi pour la femme marocaine   L'égalité, un défi pour la femme marocaine Icon_minitimeSam 1 Nov - 5:53

Une vive polémique se déclenche entre islamistes et féministes sur fond d’héritage. Filles et garçons doivent partager le legs familial à parts égales, disent les féministes, au désarroi des islamistes qui les accusent de vouloir déclencher la «fitna» (le chaos) dans la société.

«Les associations féministes qui militent pour l’Ijtihad (jurisprudence) en matière d’héritage veulent déclencher la fitna», s’affole une députée islamiste. L’appel à l’Ijtihad (jurisprudence) peut-il être porteur de «fitna» pour le commun des fidèles ? Les associations féministes rejettent cette allégation au nom de «l’égalité des chances» et de la raison. «Les filles doivent pouvoir hériter de la totalité des biens de leurs parents, et non pas passer après les héritiers mâles», estime la Ligue démocratique des droits de la femme (LDDF), qui a appelé lors d’une récente conférence à une reconsidération de la question de «Attaâsib», c’est-à-dire «une famille qui n’a comme héritiers que des filles».

L’ONG, qui affirme avoir enregistré un nombre record de plaintes déposées courant 2008 par des femmes «lésées», a annoncé avoir formulé des recommandations qu’elle compte présenter au gouvernement en vue de rétablir l’équité en matière d’héritage. Les députés islamistes affûtent déjà leurs armes pour faire barrage à cette initiative, en menaçant de porter le débat sur l’arène du Parlement. «Je crois que les revendications de cette ONG (NDLR: Ligue démocratique des droits de la femme) ne sont pas claires. Mais s’il s’avère qu’elle revendique l’égalité entre homme et femme en fait d’héritage, elle serait en contradiction flagrante avec les versets 11 et 176 de la 4ème Sourate du Saint-Coran», tranche Abdelbari Zemzmi, député du parti Renaissance et Vertu. L’ancien prédicateur va plus loin en interprétant l’appel à l’Ijtihad comme un «acte de désobéissance à la volonté divine» (Voir l’entretien de Zemzmi). Pour lui, «les deux versets (précités) sont clairs et n’ont pas besoin de faire l’objet de jurisprudence». Or, «la réalité a beaucoup changé pour s’en tenir à une lecture littérale des préceptes de l’Islam», fait observer un analyste. «La nécessité se fait jour d’adapter les préceptes de l’Islam à l’évolution de la Oumma», estime-t-il, en s’appuyant à son tour sur l’appel divin «tirez enseignement, ô vous qui êtes doués d’intelligence». Un autre observateur ne voit pas de mal non plus à l’application de la Raison dans l’interprétation des préceptes de l’Islam, puisque l’objectif escompté est de consacrer un principe cher à notre religion : l’équité et la justice. Voilà, justement où le bât blesse. Nombre de femmes s’élèvent, aujourd’hui, pour affirmer «être lésées» par la formule en vigueur présidant à la distribution des richesses de l’héritage. Un cas illustre l’ampleur du drame. Une femme vient de perdre son mari.

La veuve a hérité de biens suffisants pour entretenir les jours de ses deux filles. Mais voilà, l’usage veut qu’une bonne partie de l’héritage aille dans les poches des frères du défunt. Ces derniers auraient bien pu se passer de l’héritage de leur frère regretté, mais ce n’est pas de cette oreille qu’ils l’entendent. Ils ont raflé la mise, au détriment des deux filles du défunt et d’une mère qui n’a déjà plus que les yeux pour pleurer. Une autre veuve estime avoir une (divine) chance de compter un garçon parmi ses trois filles, sauf que là encore il y aurait injustice. La mère, qui se plaint déjà des dérives du mâle héritier, craint que ce dernier ne craque l’héritage en peu de temps, l’équivalent des deux parts auxquelles ont eu droit ses deux sœurs.

Voyez-vous, on pourrait allonger la liste des cas. Mais abrégeons. Nombre d’observateurs, féministes ou pas, appellent à une adaptation du mode de distribution de l’héritage à l’évolution de la société. «Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes à être chefs de familles. Des fois, des femmes employées prennent en charge même leurs maris. Comment se fait-il alors qu’une femme ait droit à une portion infime de l’héritage alors qu’elle a la charge des enfants, quand ce n’est pas celle du mari lui-même», s’interroge un analyste, interloqué.

Quoi qu’on en dise, la polémique, qui vient d’être lancée, peut avoir un effet bienfaiteur. Pourvu qu’elle ne verse pas dans le faux débat. Cette polémique vient remettre le principe d’égalité au cœur du projet de société.


M’Hamed Hamrouch

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tamzilte
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MessageSujet: Re: L'égalité, un défi pour la femme marocaine   L'égalité, un défi pour la femme marocaine Icon_minitimeSam 1 Nov - 5:56

Fouzia Assouli : «Nous réclamons l’amendement du droit d’héritage par voie d’Attaâssib»


Selon Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes, il faut un amendement du droit d’héritage par voie d’Attaâsib concernant les familles ayant uniquement des filles comme héritières.

ALM : Plusieurs médias ont avancé que la Ligue démocratique des droits des femmes (LLDF) revendique l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage. Pouvez-vous nous donner des précisions à ce sujet ?


Fouzia Assouli : Ce n’est pas une question d’égalité de sexe mais de justice. La preuve dans certains cas, la femme obtient plus que l’homme dans l’héritage. C’est le cas de la femme qui décède et qui laisse son mari et sa fille. Cette dernière reçoit la moitié de l’héritage, et le mari, qui est son père ne reçoit que le quart. Parfois le partage de l’héritage se fait à parts égales entre l’homme et la femme. Ce qui montre que la règle « l’homme a droit au double de la part de la femme », n’est pas une règle générale, comme le croient bon nombre de Marocains. A titre d’exemple, la part des parents de l’héritage de leur fils est égale, dans le cas où le fils n’a pas de fils. Ce qui est mis en cause c’est l’intervention des oncles, voire des cousins dans le partage, lorsque les héritiers sont toutes des filles, ce qui engendre des abus sans fin.

Que revendiquez-vous ?
Ce que nous réclamons c’est l’amendement du droit d’héritage par voie d’Attaâsib concernant les familles ayant uniquement des filles comme héritières de telle sorte que la fille héritière soit traitée comme le garçon et évincera les héritiers par voie d’Attaâsib.

Nous voulons que la loi soit cohérente avec l’évolution de la réalité et ce pour plusieurs raisons. Etant donné l’injustice et le préjudice que subissent de nombreuses familles, notamment celles composées uniquement de filles lors du décès du père, de la mère ou des deux parents, certains recourent à des ventes formelles pour les protéger de la règle de l’héritage par voie d’Attaâsib. La loi doit s’appliquer conformément aux principes et à la philosophie du Code de la famille, fondé sur la justice, l’égalité et la réparation du dommage.

Pouvez-vous nous donner un cas d’héritage par voie d’Attaâsib ?
Prenons le cas d’une famille composée de trois membres : le père, la mère et une fille. Le père et la mère décèdent dans un accident de la route et laissent une importante fortune. Celle - ci ne provient pas d’un héritage du père, qui a renoncé à sa part d’une terre à la campagne à son frère. Quant à la mère, elle a reçu un héritage non négligeable, quelques années avant sa mort. La part la plus importante de l’héritage qu’ils laissèrent provenait donc de leurs efforts et leur labeur dans le développement de l’entreprise familiale. Leur fille unique a aussi participé à cette fortune, par son travail dans ladite entreprise. Mais, après le décès des parents, la fille fut surprise, lors de l’établissement de l’acte d’héritage, du droit du frère germain de son père (son oncle paternel) dans l’héritage par voie d’Attaâsib.


Par : Leila Zerrour

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