A ces femmes, mordues d'ingratitudes, délaissées par le temps pour avoir sué sans oser prétendre un quelconque mérite!
A ces femmes dont l'espoir souverain est de soupirer amour pour pouvoir survivre dans les yeux et les cœurs!
A ces femmes, qui endossent peines et lassitudes au creux des injustices; et tout en souriant, emplissent la vie d'espérances!
A ces femmes qu'on ne daigne appeler « dames », pour les nommer « âyalate » parce que, même parmi les femmes, discrimination existe !
A ces femmes qui vivent, loin de toutes mondanités, loin des salons de discussion, loin même des salons de coiffures, réfugiées du temps par un « hjab » de silence !
A ces femmes qui sillonnent les champs de blés et les oliveraies, parce que pour elles, la vie n'a de sens que par les graines de produit !
A ces femmes qui ne peuvent jamais se sentir concernées par les discours médiatisés, tellement ces discours sont, pour elles, des paroles pour autres femmes dans autres temps !
A ces femmes qui se trouvent livrées à un « mektoub » abject, les condamnant à frotter le dos de la terre avec leur fébrilité si incapable !
A ces femmes dont les yeux sont toujours abaissés, par piété, par amour ou par fatigue et pourtant toujours luisants de fierté d'être !
A ces femmes qui ne se disent jamais femmes, mais qui se sentent plus mères, épouses, sœurs, et surtout humaines !
A toutes ces femmes, oubliées par les pages, omises par les sermons, ensevelies de cette poussière si amère, celle de l'indifférence ; ces femmes pour qui les plaintes et les pleurs ne sont que cris de leur cœur pour autrui et jamais pour elles !
A toutes ces femmes, l'on se trouve bien béat en disant « bonne fête » mais peu satisfait de ne point avoir l'heur de prôner, comme il faut, leurs mérites si majestueux !
Amal Galla