Lorsque le plaisir devient calvaire
«On ne pouvait plus avancer…La pente et les virages débordaient d'automobilistes», témoigne Doha, une jeune femme qui a souhaité, en compagnie de son époux, passer les vacances du week-end dernier à l'Oukaïmeden.
Symbole de la diversité naturelle et de la richesse touristique d'Al Haouz, l'Oukaïmeden avec une altitude comprise entre 2.600 mètres pour le plateau et 3.270 m pour le sommet, se veut un pôle touristique important et des plus pittoresques dont l'aménagement et la mise à niveau s'avèrent, désormais, indispensables afin d'assumer cette attractivité.
Les gens adorent ces montagnes, mais il paraît que l'infrastructure ne supporte plus autant de monde… Le blocage du chemin qui y mène a poussé plusieurs familles à faire des demi-tours en pleine descente et à renoncer très peinées à ce séjour en pleine neige. Cela dit, une fois arrivé au sommet, il n'y a vraiment pas de quoi être désolé…Car l'embouteillage atteignait son pic à la cime. Il n'y avait absolument plus de place pour garer sa voiture».
Ici, ce sont les visiteurs qui gèrent le stationnement. «Les lieux étaient surbookés…les responsables auraient dû bloquer le chemin au niveau
de l'intersection Ourika et Oukaïmeden», rajoute notre visiteuse déçue.
Située à environ 74 km de Marrakech, cette station de ski, la plus haute d'Afrique, demeure l'une des plus fréquentées essentiellement durant la saison hivernale. La notoriété dont jouit l'Oukaïmeden et sa proximité de Marrakech, entre autres, l'ont tôt érigé en un véritable refuge pour les mordus des sports d'hiver et de montagne, même si ce site ne dispose que d'un domaine skiable «modeste» estimé à près de 300 ha et d'une infrastructure d'accueil appelée à être renforcée et modernisée.
Bien que servant d'étape importante dans les circuits et excursions proposés aux visiteurs de la cité ocre, ce site est de moins en moins fréquenté, notamment durant les autres saisons ou chaque fois que la neige tarde à être au rendez-vous (120 jours par an). Les habitants de la région le confirme : «L'Oukaïmeden connaît une dynamique, sans précédent, notamment ces derniers jours où la station a connu d'importantes chutes de neige, ce qui a encouragé nombre de touristes venus de différents cieux à s'y rendre».
Par conséquent, la station a connu un encombrement gigantesque (entre 8.000 et 10.000 visiteurs), chose qui a un impact sur la dégradation du milieu naturel du fait du non-respect de la nature et de la violation des espaces skiables et les jets de déchets.
Cela dit, cet engouement pour la station, même s'il permet l'émergence d'autres activités marginales (restauration, location de matériels et équipements de ski) devrait soulever avec acuité la question de la mise à niveau de cette station. Mohamed Idali, président délégué de l'Association Toubkal Ski Club de l'Oukaïmeden (ATSO), approuve ce besoin : «L'infrastructure ne peut être qualifiée de négligeable, car l'équipement d'accueil de la station tels que les télésiège d'Afrique 2,300 m, 6 téléskis d'une capacité de 4.000 skieurs/heure, des hôtels, des chalets et des restaurants reste remarquable. Cela dit, ces équipements demeurent insuffisants, compte tenu du grand nombre d'activités s'offrant aux non fanas de ski, telles les randonnées, la pêche à la carpe, l'escalade ou encore la découverte de gravures rupestres».
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Projet “Emaar” à Al Haouz
Interrogé sur le projet Emirati Emaar portant sur l'aménagement de la station et le renforcement de son attractivité, M. Idali a expliqué que ce mégaprojet permettra la résolution de la problématique de l'enneigement, notamment avec la mise en place de canons à neige de manière à obtenir la neige artificielle à compter de fin octobre, début novembre.
«Ce projet est une opportunité pour la région d'Al Haouz, en général, et pour la station de l'Oukaïmeden et ses régions limitrophes en particulier, dans la mesure où il contribuera à la diversification du produit touristique local et à la revalorisation de certains secteurs clés de l'économie locale comme l'artisanat», a-t-il noté.
LE MATIN